À l'instar d'Obélix, je suis tombée dans l'univers magique de la littérature dès mon plus jeune âge !

D'abord grâce à mon père qui me lisait "Bilbo le hobbit" avant d'aller dormir, puis grâce à ma mère qui m'a forcée à lire "Harry Potter à l'école des sorciers" avant d'aller au cinéma. Aujourd'hui, je partage avec vous ma passion pour les bouquins et autres adaptations...

jeudi 25 mai 2017

J'avais rêvé d'une histoire sans fin...

Comme beaucoup d'enfants nés dans les années 90', j'ai découvert L'Histoire Sans Fin grâce au film réalisé par Wolgang Amadeus Mozart Pertersen en 1984. Mes grands-parents l'avaient en VHS. VHS, que je ne manquais jamais de visionner pendant les vacances. Donc, quand j'ai découvert bien des années plus tard, que le film était en fait l'adaptation d'un roman de Michael Ende (nom collant parfaitement avec le titre de son roman) publié en 1979, il fallait absolument que je le lise ! Voilà qui est désormais chose faite, et pour tout vous avouer, je ne m'attendais pas à ce que se soit un tel coup de cœur !
L'histoire sans fin

1. L'art de la mise en abyme

La grande force de L'Histoire Sans Fin, c'est la mise en abyme. Le roman raconte les aventures d'un jeune garçon rondouillard, mal dans sa peau qui vole un livre intitulé L'Histoire Sans Fin dans une librairie. Au fur et à mesure de sa lecture, il se rend compte qu'il fait lui-même partie de la quête dont le but est de sauver le monde et les habitants du Pays Fantastique.

La première chose qui frappe à lecture du roman, c'est le jeu de couleurs entre les différentes parties du récit. Les passages se déroulant dans notre monde sont écrits en bleu, tandis que les éléments du récit prenant place dans le Pays Fantastique sont écrits en noir. Un deuxième élément intéressant est la description du roman que Bastien tient entre ses mains : « il était relié, de couleur bleue, et le titre étincelait quand on le manipulait. En le feuilletant rapidement, Bastien vit qu'il était imprimé en deux teintes différentes. Il n'y avait pas d'illustrations, mais des lettrines très grandes et splendides. En regardant à nouveau la reliure, plus attentivement, il y découvrit deux serpents, un clair et un foncé, qui se mordaient la queue l'un de l'autre décrivant un ovale. En dessous de cet ovale figurait le titre : L'Histoire Sans Fin ». Cette description correspond exactement au livre qui le lecteur est en train de lire. Cela crée immédiatement un parallèle entre le héros : Bastien, et nous, le lecteur. De plus, cela favorise notre implication dans le récit en nous mettant directement à la place de Bastien qui lit le même livre que nous.
L'histoire sans fin : aperçue du livre
À mesure que Bastien avance dans sa lecture et accepte le fait de faire lui-même parti du récit, le lien entre lui et Atréju évolue. Simple héros de roman au départ, ce dernier devient une personne à part entière, puis un compagnon de route pour Bastien. Évidemment, ce changement est graduel. Cela permet une transition douce des rôles des personnages. À la fin du premier tiers du roman, Bastien prend la place d'Atréju. Or, si Bastien prend la place d'Atréju quelle est notre nouvelle place dans le récit ? Michael Ende nous met dans la même position que Bastien au début du roman. Ce procédé renforce encore une fois le parallèle entre Bastien et nous : lecteur.

Le lien entre Bastien et Atréju est doublement intéressant, car il est aussi révélateur du lien entre le Pays Fantastique et notre monde : « la pupille verticale fixait Atréju avec une inconcevable méchanceté. Bastien poussa un léger cri de frayeur. Un hurlement de frayeur résonna à travers la crevasse, renvoyé en écho entre les deux parois ». Ainsi, si le Pays Fantastique est malade, le notre aussi car les créatures aspirées par le néants qui ravagent le Pays Fantastique deviennent des mensonges dans notre monde ; quant aux rêves que nous oublions le matin, ils deviennent des images qu'un mineur du Pays Fantastique sort de terre... Ce ne sont que quelques exemples, mais les parallèles entre les deux mondes regorgent dans le roman ce qui renforce la construction de l’œuvre basée sur la mise en abîme. 
L'histoire sans fin : le vole de bastien

2. Un roman d'aventure ?

Deux héros d'une petite dizaine d'années, un monde en train de se faire engloutir par le néant, des dragons, des monstres, un village hanté, des épreuves de bravoure ! Tel est le menu que nous propose Michael Ende dans la plus pure tradition de la littérature fantastique jeunesse exception faite des mises en abyme dont nous avons déjà parlé. Au rythme des galopades d'Artax ou sur le dos du dragon de la fortune, les paysages défiles et les péripéties s'enchaînent pour mener à bien la quête qu'Atréju s'est vu confier par la petite impératrice. Çà et là, l'auteur viendra plaquer un sourire sur notre visage, avec quelques petites touches d'humour bienvenues : « C'était un feu follet. Et il avait perdu son chemin. C'était donc un feu follet fourvoyé, chose plutôt rare au pays fantastique. En principe, ce sont justement les feux follets qui égarent les autres gens. ».

Outre la fluidité du récit, l'auteur est particulièrement doué pour nous impliquer émotionnellement dans son récit. La détresse des habitants du Pays Fantastique apeurés à l'idée que leur monde sombre petit à petit dans le néant est palpable. De même, les instants de doute qui rongent Atréju persuadé de ne pas pouvoir mener sa mission à bien, deviennent source d'angoisse pour Bastien, puis le lecteur. Sans parler de la mort du fidèle destrier Artax, souvenir au combien traumatisant pour nombre d'entre nous :
« ''Artax ! S'écria Atréju, il ne faut pas que tu te laisse aller ! Viens ! Sinon tu vas être englouti ! Laisse-moi maître ! Répondit le petit cheval, je n'y arrive pas. Continue tout seul ! Ne te soucis pas de moi ! Je ne peux plus supporter cette désolation. Je veux mourir.'' Atréju tirait désespérément sur la bride, mais le petit cheval s’enfonçait toujours davantage. Atréju ne pouvait rien y faire. Quand finalement ne demeura plus au-dessus de l'eau noire que la tête de l'animal, il l'a prit dans ses bras […] Bastien sanglotait. C'était plus fort que lui. Ses yeux étaient remplis de larmes et il ne pouvait pas continuer à lire. ».
L'histoire sans fin : la mort d'Artax
Pourtant, contrairement à ce que pourrait laisser penser le film, la partie purement aventure de l’œuvre ne représente qu'un tiers du roman. Tiers qui a été adapté, tandis que la deuxième partie de l'histoire dans laquelle Bastien entre dans le Pays Fantastique a été laissé de côté par le cinéaste !

3. Plutôt un contre philosophique !

Or, c'est sans doute cette deuxième partie de l’œuvre qui est la plus intéressante ! En effet, dans cette dernière l'auteur nous propose une réflexion sur la nécessité de raconter et de créer de nouvelles histoires ainsi que sur l'importance du développement de l'imagination autant pour les petits que les grands enfants. Cela fait de L'Histoire sans fin, non pas un roman d'aventures mais plutôt un conte philosophique. Le conte philosophique est un genre littéraire qui permet de critiquer des aspects de la société par le biais d'une histoire fictive.

A travers son œuvre, Michael Ende reprend la théorie du désenchantement du monde du Max Weber qui fait état d'un recul des croyances religieuses et magiques au profit des explications scientifiques. Ce concept fait écho au sentiment d'une perte de sens voire d'un déclin des valeurs permettant d'harmoniser les sociétés. Dans L'histoire sans fin, ce désenchantement est matérialisé par le néant et l'incapacité des habitants du pays fantastique a inventé des noms et des nouvelles histoires.
L'histoire sans fin : trouver un nom pour la petite impératrice
Le format du conte permet aussi à l'auteur de mettre en garde sur la nécessité de trouver un juste milieu entre les rêves et la réalité. Il est certes important de nourrir son imagination avec de belles histoires, mais il ne faut pas pour autant rejeter le monde réel pour vivre dans les rêves. Le livre propose aussi une réflexion intéressante sur les conséquences de nos désirs (soif de pouvoir, soir d'évasion, fuite de la réalité) et sur le fait que le mal peut être fait avec les meilleures intentions du monde.

Je ne peux que vous encourager à lire L'histoire sans fin. C'est un excellent roman jeunesse qui peut-être lu à tout âge. Il traite de sujets universels et propose des pistes de réflexions que chacun peut picorer à sa guise pendant la lecture. Bonne lecture à tous et n'oubliez pas de rêver !
L'histoire sans fin : le dragon de la fortune
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3 commentaires:

  1. Hello ! Je ne connaissais que de titre mais ça m'a tout l'air d'un chouette livre à l'univers des plus exaltants ! En plus l'objet-livre est bien beau dis donc ! Et bon premier blog-anniversaire ;)

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  2. Oh moi aussi c'était l'un des films de mon enfance, ces photos me rappellent des souvenirs ! Je ne savais pas que ce film était tiré d'un livre mais ta chronique me donne envie de le lire.

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