À l'instar d'Obélix, je suis tombée dans l'univers magique de la littérature dès mon plus jeune âge !

D'abord grâce à mon père qui me lisait "Bilbo le hobbit" avant d'aller dormir, puis grâce à ma mère qui m'a forcée à lire "Harry Potter à l'école des sorciers" avant d'aller au cinéma. Aujourd'hui, je partage avec vous ma passion pour les bouquins et autres adaptations...

mardi 23 janvier 2018

Il était un versus : La Belle & La Bête

Les histoires d'hommes transformés en bêtes sont universelles et veilles comme le monde. Loup-garous occidentaux, homme-guépard, chacal ou encore hyène africaine, homme-requin d'Océanie ou encore homme-lézard en Amérique du sud : ces transformations ont nourri l'imaginaire collectif et sont à l'origine de nombreux mythes et légendes. Ces métamorphoses sont très fréquentes dans la mythologie Grecque. Zeus s'est ainsi transformé en cygne pour séduire la ravissante Leda, épouse du roi de Sparte. De cette union naîtront Pollux et sa sœur la célèbre poire Belle Hélène. Cependant, le mythe à l'origine du conte qui nous intéresse dans cette chronique, est sans doute celui de Psyché : Princesse d'une grande beauté jalousée de la déesse Aphrodite condamnée a devenir l'épouse d'un monstre, qui nous est narré dans Les métamorphoses également connues sous le nom Amour et Psyché d'Apulée. Vous l'aurez compris : aujourd'hui il est question de La Belle & La Bête !
La Belle et la Bête : versus
Nous devons sa version la plus connue, datant de 1757, à Mme Leprince de Beaumont qui emprunte et récrit La Belle & La Bête à partir de la version très complète de Mme Gabrielle de Villeneuve (1740). L'objectif de Mme Leprince Beaumont est pédagogique. Elle souhaite divertir les élèves de son pensionnat tout en les instruisant et en leur inculquant des leçons de morale. C'est pourquoi, elle fit des coupes drastiques dans la version de Mme Gabrielle de Villeneuve comptant environ 150 pages pour ne garder que les éléments propres à faire passer cette leçon de morale. Le résultat ? Nous le connaissons tous ! Un petit conte pédagogique d'une vingtaine de pages. C'est de cette version que s'inspire la majorité des adaptations du conte

Petit tour du propriétaire


Aujourd'hui, deux adaptations de La Belle & La Bête sont à l'honneur avec une mention spéciale adressée à une troisième. Il s'agit du film du réalisateur Christophe Gans sortie dans les salles obscures en 2014 et de la comédie musicale sortie en mars 2017. Il est important de souligner pour la suite que cette dernière est, en fait, la version live action de la célèbre version animée de la souris aux grandes oreilles datant de 1991.

Les intentions de réalisation

Afin de se plonger pleinement dans l'univers d'un film, il me semble important de comprendre l'intention du réalisateur au moment de la création de ce dernier.

Dans le cas de Christophe Gans, l'objectif est de centrer son propos sur le personnage de la Bête, et plus particulièrement de remonter aux origines de sa malédiction. Pourquoi a-t-elle été puni ? Que lui est-il arrivé ? C'est autour de la malédiction de ce personnage que toute l'arborescence du film s'est construite ! Cette envie de Gans de remonter aux origines de la bête vient du fait qu'aucune adaptation du conte ne s'est attardée sur le sujet alors que le texte de Madame de Villeneuve s'étend au contraire sur la question. Il s'agit d'ailleurs dans le cadre de cette adaptation du texte de référence.

Pour ce qui est de Bill Condon, une question s'est immédiatement posée : « Pourquoi refaire un chef-d’œuvre ? » Pour lui, la réponse est la suivante : « La version de 2017, n'est pas un remake mais une adaptation du conte et du film de 1991 sous une nouvelle forme. ». L'objectif est donc double : proposer une autre approche du film d'origine et mettre en lumière des aspects non utilisés du texte de Mme Leprince de Beaumont dans la version de 1991.
La Belle et la Bête : versus

L'ambiance des films


Intéressons-nous maintenant à l'ambiance des films à travers quatre points : les décors, les costumes, la photographie et la musique. C'est parti les amis ! Nous allons les trouver, je sais qu'on peut y arriver !

Les décors de la version de Chritophe Gans sont à couper le souffle tout simplement ! Si la découverte du film au cinéma m'a laissée une aussi forte impression, c'est en très grande partie due au château de la Bête dans lequel vagabonde Belle. Il s'en dégage quelque chose de très poétique, proche du travail réalisé sur Laputa dans le sublime Château dans le ciel d'Hayao Miyhazaki. Étant une grande admiratrice de ce réalisateur japonais et de son univers, je ne pouvais que succomber face à la proposition de Gans ! Un autre aspect qui m'a immédiatement séduite : la magnificence des costumes, réalisés par le très talentueux Pierre-Yves Gayraud. Qu'il s'agisse des robes colorées de Belle offertes par la Bête (d'ailleurs restées célèbres chez les amateurs de costumes de films), des impressionnants costards de la Bête ou des tenues des courtisans, tous nous immergent un peu plus profondément dans l'univers proposé tout en dévoilant subtilement le caractère des personnages. Le travail de Christophe Beaucarne, directeur de la photographie, est également à saluer. Les jeux de lumière entre la morosité austère (quoique parsemée de puits de lumière) du château actuel et celui du passé luxueux de la Bête ne m'ont pas laissé indifférente ; tout en parvenant à créer une véritable patte visuelle. Enfin, sans être vraiment remarquable ou même mémorable, la bande originale du film composée par Pierre Adenot souligne et accompagne judicieusement les actions des personnages.
La Belle et la Bête : Christophe Gans moodboard

Les décors du Disney Live, sont également très beaux. Quelque chose d'assez artificiel se dégage toutefois de l'ensemble. Tout est lisse et manque cruellement de naturel ! Certains décors ne donnent pas l'impression d'être réellement habité comme la taverne par exemple, bien trop proprette et rangée. Seuls les jardins de la Bête parviennent à tirer leur épingle du jeu à mon sens. Il s'en dégage une beauté froide et surnaturelle qui sied au lieu. Les costumes (créés par Jacqueline Durran) sont extrêmement proches du film d'animation. Cependant, la revisite amène un vent de fraîcheur. De plus, quelques trouvailles sont remarquables comme le costard bigarré du prince dans la première scène ou encore la célèbre robe jaune réaccessoirisée pour l'occasion. J'ai également apprécié la revisite plus riches en détail que l'originale de la robe bleue de Belle. Il y a un grand contraste entre les lumières du village extrêmement vives et celles du château plus ternes et menaçantes. Il convient de souligner que plus la romance entre les deux protagonistes principaux avance, plus la luminosité du château s'adoucit. Mis à part cet élément, le travail de Tobias A. Schliessler est plutôt classique et sans grande inventivité. Si un élément se démarque vraiment dans l'ambiance du film, c'est bien la musique. Encore heureux me diriez-vous puisqu'il s'agit d'une comédie musicale ! Composée par Alan Menken, la bande originale du film est magnifique et reste longtemps en mémoire. Si la plupart des morceaux sont des reprises légèrement arrangées du dessin animé de 1991, d'autres comme Evermore, Days in the sun ou How does a moment last for ever sont des créations originales. Les nombreuses chansons du film étant interprétées par le casting de ce dernier, il est grand temps de passer aux acteurs !
La Belle et la Bête Disney 2017 : moodboard

Place aux acteurs


Et là, rien à dire, les chansons du film les nouvelles comme les anciennes sont interprétées par un casting Quatre Étoiles !

Si certaines comme Emma Watson ou encore Emma Thompson poussent agréablement la chansonnette sans offrir des performances vraiment remarquables, certains notamment Luke Evans et Josh Gad issus des planches de Broadway tirent vraiment leurs épingles du jeu. J'accorde également une mention spéciale à Dan Stevens pour son interprétation de Evermore. Le bas blesse malheureusement, dans la direction des acteurs qui offrent au mieux un jeu lisse sans réelle profondeur et au pire une performance cartoonesque malaisante. Il convient cependant de préciser que le malaise vient aussi du fait que la technologie utilisée pour donner la vie aux personnage de Lumière, Big Ben ou Madame Samovar ne convint pas.

Le casting est également de qualité chez Christophe Gans. Les acteurs offrent tous de bonnes performances à l'exception des sœurs de Belle un peu trop hystérique à mon goût. Quant à Léa Seydou sa proposition manque un peu d'aspérités et de diversité pour convaincre pleinement malgré sa justesse d'interprétation. La mention spéciale revient à Vincent Cassel qui livre une performance toute en nuances du personnage mythique. Malgré cela, la complicité et l'amour de la Belle & la Bête ne sont pas vraiment crédibles. Il manque un petit quelque chose dans la narration ou le jeu des acteurs pour vraiment viser juste. C'est à mon avis de défaut principal de cette adaptation. 

Le jeux des 5 ressemblances et de la différence

Fidèle au conte ?


Qui dit adaptation dit œuvre de référence, dans le cas des films présentés ci-dessus, ils ne sont pas (nous l'avons souligné plus haut) adapté des mêmes œuvres. L'adaptation de Christophe Gans se base sur le texte de Madame de Villeneuve et sur le film de Jean Cocteau datant de 1946. Quant à celle de Bill Condon, elle est pensée comme une adaptation du conte de Madame Leprince de Beaumont inspirée de la version animée de 1991. Le résultat ? Deux histoires originales très éloignées de leur texte de référence.
La Belle et la Bête : versus

Troublantes similitudes


Nous venons de le souligner, les deux adaptations sont éloignés de leur œuvres de références mais sont-elles pour autant infidèles à l'esprit du conte ? Pour éclaircir ce point, il convient de s'attarder sur des moments clés de l'intrigue présent dans les deux versions du contes mais aussi dans presque toutes ses adaptations.

Tout part de la demande que fait Belle à son père de lui ramener une rose, fleur au combien emblématique ! Rose que ce dernier ira voler dans le jardin de la bête, conduisant Belle prise d'un sentiment de culpabilité à se sacrifier pour son père et à demeurer au-pré de la Bête. Ce conte est un récit initiatique retraçant le passage de l'état de fille à celui de femme pour la Belle et la quête de la rédemption pour la Bête. Le symbole de la rose est d'autant plus fort dans l'adaptation de Disney puisque la chute de pétale de la rose représente le temps restant attribué à la Bête pour se faire aimer et donc se repentir.
La belle et la bête : symbolique de la rose

Les jeux de miroirs sont aussi une thématique importante des deux textes d'origines reprise dans les deux films. Dans le conte de Madame de Villeneuve, le miroir permet à la Bête d'espionner Belle, dans le film de Gans les miroirs permettent à Belle lorsqu'elle rêvent d'explorer le passé de la Bête, quant aux versions de Disney, la Bête offre un miroir à la Belle afin qu'elle puisse voir son père. Tous ses miroirs ont le point commun de ne servir qu'à voir l'autre et non pas son propre reflet. D'après Sandy de l'excellente chaîne Le Carnet Enchanté, cela révèle un message caché du conte à savoir que l'humain ne semble être défini que par l'image qu'il revoit en société et non pas pour ce qu'il est vraiment. Cela concorde avec la morale de cette histoire nous invite à apprendre à voir au delà des apparences.
La belle et la bête : symbolique des miroirs
Enfin, dans les contes ainsi que dans les adaptations dont il est question ici, la Belle retourne toujours chez son père au moment ou elle commence à éprouver des sentiments pour la Bête. Ce retour chez le père se conclut toujours par un retour consenti et non contraint au château de la Bête. Ce retour chez le père dont Belle est extrêmement proche permet à cette dernière de renoncer à son Œdipe et à accepter la Bête comme modèle de masculinité. Cette étape clés marque l'entrée de Belle dans sa vie de femme. Chez Christophe Gans tout comme chez Bill Condon, le retour chez la Bête à pour objectif de le sauver d'une attaque mener dans un cas par des brigands et dans l'autre par des villageois avec la même conclusion : l’aveu des sentiments de Belle à la Bête.
La belle et la bête : symbolique du retour chez le père

Le respect de ses trois étapes essentiel à la transmission du message du conte sont respecté dans ces adaptations qui sont donc fidèle à l'esprit des textes d'origines.

Malgré ce constat, les deux œuvres sont loin d'être de la même qualité. Ainsi, la version live action de 2017 n'est qu'une pâle copie malaisante du chef-d’œuvre qu'est la version animée de 1991. Elle n'est digne d'intérêt que pour quelques performances vocales notables ainsi que pour le plaisir Proustien de redécouvrir sous une nouvelle forme une œuvre ayant marqué l'enfance de nombre d'entre nous. La version de Christophe Gans a le mérite de vraiment revisiter se conte et d'offrir une réelle proposition de réinterprétation du conte, ce qui en fait à mon sens une bonne adaptation. Certes, cette version n'est pas exempte de tout défaut, mais vous ne pourrez que passer un bon moment devant la magnificence des décors et des costumes ! Bref, foncez afin de vous faire votre propre opinion.

Merci à Sandy pour son excellente vidéo : « Du conte àl'écran EP02 : La Belle et la Bête » qui m'a inspirée cette chronique.
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3 commentaires:

  1. Je suis entièrement d'accord avec toi, la version 2017 n'a pas tellement d'intérêt même si elle est très agréable à regarder.
    Et la version de Gans et bien je l'aime beaucoup pourtant je ne suis pas très fan des acteurs mais les costumes et le château sont féeriques !

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    1. Oui, ça a été une grosse déception. J'en attendais peut-être un peu trop. Merci pour ton commentaire, à bientôt ;)

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  2. les deux œuvres sont loin d'être de la même qualité. Ainsi

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